Green4Cloud : le cloud de proximité, plus respectueux de l’environnement
Rendre le cloud plus écologique, c’est la mission que s’est donnée la start-up Green4Cloud, incubée à IMT Mines Alès et présente à VivaTech 2023. Pour y parvenir, l’entreprise compte déployer des centaines de data centers de proximité, en optimisant leur consommation d’énergie.
L’empreinte environnementale du numérique, sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, représente un enjeu majeur. Extraction de matériaux rares, consommation d’énergie, émission de CO2, recyclage du matériel… Les problématiques ne manquent pas, depuis la fabrication des équipements à leur fin de vie, en passant par leur utilisation.
Parmi les usages principaux figure le cloud, souvent présenté comme une solution dématérialisée. Mais en réalité, cette pratique repose sur de nombreux composants matériels, à commencer par les centres de données. « Selon un rapport de GreenIT datant de juin 2020, en France, le numérique consomme l’équivalent de 8,3 % de la production globale d’électricité, les data centers y occupant une part de 13 % », indique Julien Delcroix, CEO de la start-up Green4Cloud, incubée à IMT Mines Alès et présente au salon VivaTech 2023. « Cette consommation représente aussi près de 300 000 tonnes de CO2 rejeté, un volume d’émission semblable à celui d’une ville de 34 000 habitants comme Auxerre. »
Des data centers de seconde main
L’impact environnemental du cloud est donc loin d’être négligeable et Green4Cloud entend contribuer à sa réduction. L’entreprise propose aux organisations des services d’hébergement web, de messagerie ou de sauvegarde de données. Pour cela, elle déploie premièrement une architecture éco-conçue, composée presque uniquement de matériel reconditionné, à l’exception du stockage SSD (Solid-State Drive), équipements utilisés pour le stockage des données. Un choix contraint, comme l’explique Julien Delcroix : « Nous privilégions les SSD neufs afin de garantir l’intégrité de la donnée. Avec un dispositif d’occasion, il est difficile d’anticiper sa durée de vie et cela peut engendrer des coûts supplémentaires en maintenance. Le stockage étant au cœur de notre proposition de valeur, nous ne pouvons pas prendre de risque. En revanche, tous nos composants actifs (serveurs, switchs, firewalls…) sont reconditionnés et testés en amont. » Une façon de prolonger la durée de vie d’équipements qui, autrement, auraient été jetés.
À cet effet, Green4Cloud dote son architecture d’une capacité à associer divers composants, quels que soient leurs fabricants, la technologie employée ou leur ancienneté. Cette conception hétérogène permet ainsi de récupérer et d’exploiter des produits reconditionnés issus de différentes sources, tout en contournant les problèmes actuels d’approvisionnement en matériel neuf, liés notamment à la récente crise sanitaire.
Si cette architecture est encore en cours de construction, l’entreprise anticipe déjà sa future montée en charge. « Nos choix techniques, par exemple le développement de micro-services, rendent notre architecture très évolutive », dévoile Julien Delcroix. « Elle sera ainsi adaptée à nos premières offres, avec quelques data centers, et restera stable quand il y en aura plusieurs centaines. »
Chauffage au data center
La start-up s’attaque également à la consommation énergétique de ses data centers, en tirant parti du profil de ses clients. « Les entreprises et collectivités locales vont surtout avoir des besoins en semaine, pendant la journée », relève le CEO de Green4Cloud. « Par conséquent, la nuit et le week-end, nous pouvons diminuer les ressources informatiques allouées à leurs data centers de proximité et les redistribuer sur des équipements plus distants, moins énergivores. »
Toujours dans l’objectif d’optimiser la consommation d’énergie du cloud, la start-up souhaite valoriser la chaleur inévitablement produite par les centres de données lors de leur utilisation. Un projet en plusieurs étapes. « En premier lieu, nous allons héberger nos micro-data centers au sein de gros data centers de fournisseurs du marché », détaille Julien Delcroix. « À cette étape, nous ne pouvons donc pas exploiter la chaleur émise, puisque nous sommes soumis au système de refroidissement déjà en place. » La start-up reste toutefois sélective quant au choix de ses hébergeurs, privilégiant les plus respectueux de l’environnement.
« Dans un second temps, nous allons accroître notre proximité, en plaçant nos micro-data centers à moins d’une heure de nos utilisateurs finaux, dans des EHPAD, des logements HLM, des crèches… », poursuit le CEO de Green4Cloud. « À ce moment-là, nous réutiliserons la chaleur dégagée, par exemple pour préchauffer l’eau d’un bâtiment ou chauffer une pièce de vie. » Une piste prometteuse, encore en cours d’étude, notamment via la contribution de chercheurs d’IMT Mines Alès, qui étudient aussi la possibilité de convertir la chaleur générée en électricité.
Souveraineté, proximité, sécurité
Green4Cloud s’inscrit également dans une démarche de souveraineté de la donnée. « Les organisations, publiques comme privées, sont aujourd’hui sensibles à cette problématique », note Julien Delcroix. « Il s’agit d’un enjeu de transparence : les entreprises et les collectivités ont besoin de savoir où se trouvent leurs données et de garder le contrôle sur leurs traitements. »
Dans ce cas, la meilleure solution consiste à recourir à des data centers de proximité : cela permet notamment de s’assurer que l’hébergeur est soumis aux mêmes règles quant à la protection des données et qu’il œuvre ainsi à leur confidentialité. C’est ce que souhaite proposer la start-up, à l’échelle départementale, en invitant les organisations à « consommer de la donnée localement, comme elles peuvent le faire avec la nourriture, en circuit court ». Green4Cloud s’adresse d’ailleurs principalement aux TPE, PME et collectivités locales, des structures généralement attachées au dynamisme de leur territoire. À cet effet, l’entreprise compte s’appuyer sur un réseau de revendeurs et d’intégrateurs locaux, composé de petites ESN (entreprises de services du numérique) : agences web, sociétés de dépannage informatique, opérateurs de proximité… Et comme avec la nourriture, la consommation de données « en circuit court » réduira l’empreinte environnementale associée – une diminution difficile à quantifier aujourd’hui, mais que la start-up entend prochainement mesurer. Une manière supplémentaire de rendre le cloud plus « green », qui s’ajoute à l’emploi de matériel reconditionné, à la réduction de la consommation d’énergie des data centers et à la valorisation de la chaleur générée.
Green4Cloud n’oublie pas non plus les questions de sécurité, primordiales pour tout fournisseur de cloud. L’équipe fondatrice comprend ainsi deux ingénieurs experts de ce domaine, qui adoptent l’approche « security by design », ce qui signifie que la solution intègre les enjeux de sécurité à chaque étape de son développement. Par exemple, le recours à des micro-data centers limite l’étendue d’une potentielle attaque informatique : en cas de piratage, seuls quelques serveurs seraient affectés. De plus, Green4Cloud s’appuie sur une architecture redondante : chaque donnée hébergée est systématiquement répliquée dans un deuxième data center. Une stratégie qui limite fortement les risques de perte de données.
La start-up va commencer la commercialisation de son offre grâce au déploiement de deux premiers micro-data centers, qui seront hébergés localement, dans le Gard et l’Hérault. Elle compte ensuite étendre sa couverture à l’ensemble des régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, en augmentant progressivement son nombre de data centers disponibles, grâce notamment à une levée de fonds. Objectif à terme : constituer une constellation de 300 micro-data centers, pour proposer des services cloud plus écologiques dans toute la France.
Par Bastien Contreras.
Green4Cloud à VivaTech 2023
La start-up Green4Cloud, incubée à IMT Mines Alès, participera au salon VivaTech 2023 qui se tiendra à Paris du 14 au 17 juin prochains. La jeune entreprise sera présente le jeudi 15 juin sur le stand L18 de l’Institut Mines-Télécom.
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